Chasseuse de trésors

Photo sous-marine

Tu es une chasseuse de trésors. Tu es sur ton bateau avec toute ton équipe, voguant sur l’océan, en quête du trésor que tu pourrais ramener des profondeurs. Des coffres aux trésors, dans l’océan, il y en a plein. Pour la plupart, ce sont des caisses faciles d’accès mais qui n’ont que très peu d’intérêt quant à leurs contenus. Tu discutes avec les membres de ton équipe (ce sont des experts des océans et des trésors cachés), ils te donnent de bons conseils afin de déterminer quel pourrait être le trésor que tu pourrais aller chercher dans le fond des eaux. Pas un trop facile, qui ne te rapportera pas grand-chose (tu perdrais ton temps et ton énergie pour des clopinettes) ni un trop difficile (bien qu’il te semblerait être richement doté), car tu risques de déclarer forfait avant d'y être arrivée. Vous identifiez ensemble le trésor que tu désires aller chercher (en définitive, c’est toi seule qui décides, ton équipe n’est seulement là que pour te conseiller. Il y a bien un régisseur de l’océan qui te dit où tu peux mettre ton bateau, mais une fois que tu y es, c’est toi seule qui décides quel trésor aller chercher parmi tous ceux qui s’y trouvent). Tu te dis alors « Mouais, facile, je me lance à l’eau, je descends tout droit et j’y suis, je l’accroche, je le remonte et je le hisse à bord… Facile ! ». Et là, ton équipe te donne quelques conseils et avertissements quand même, mais tu n’y portes pas vraiment attention. Une fois la décision prise, ils te mettent une combinaison (qui a l’air vachement imposante) et tu te jettes à l’eau avec beaucoup d’enthousiasme et d’insouciance.

Et là, c’est la douche froide… En quelques secondes tu fais l’expérience multiple et extrêmement désagréable

  • De la lourdeur de ta combinaison. Tu ne sais, en fait, pas du tout comment la faire fonctionner.
  • Qu’il n’y a pas d’air dans l’eau (et ça, tu ne t’en rendais pas compte sur le bateau). C’est donc la panique, tu dois, à l’instant, trouver une autre manière de respirer. Tout de suite. Et là, instinctivement, tu remarques qu’il y a des bouteilles de plongée dans le dos de ta combinaison qui peuvent t’aider à respirer. Tu découvres intuitivement, en quelques secondes, comment les faire fonctionner mais c’est extrêmement pénible, cela fait drôlement mal (tu découvres par la même occasion ce que c'est de souffrir) et ne te permet pas de respirer comme tu le faisais sur le bateau.
  • Que l’eau est froide, très froide et que ta combinaison n’est pas adéquate pour te garder au chaud.
  • Que l’eau exerce une forte pression sur ta combinaison. Elle te rend lourde, dense, massive. À tel point que cela te donne l’impression que cette combinaison fait partie de toi et que tu fais partie d’elle.
  • Que la lumière n’est plus la même. Elle est éblouissante, aveuglante, désagréable mais également froide et sans énergie. De même pour les sons, ils sont terrifiants. En fait, tous tes repères ont disparu, tes capacités sensorielles ne sont plus les mêmes. En fait, plus rien n’est comme tu l’avais prévu.
  • Que le soleil a disparu, il est tellement trop loin que tu ne le perçois plus.

Tu comprends mieux, maintenant, que certains, à ce moment précis, décident de rebrousser chemin et revenir sur leurs bateaux. Soit, qu'ils n'ont pas pris la mesure de l'engagement que cela représentait de se lancer dans cette aventure, soit qu'ils avaient sur estimé leurs capacités ou qu'ils se sont rendus compte qu'ils avaient fait le mauvais choix.
Et de te dire également que si telles étaient leurs décisions, les personnes qui les attandaient pour les accompagner dans cette aventure n'ont pas à porter la responsabilité de cette décision.

Car en regardant autour de toi. Avec le temps, tes yeux se sont habitués à cette lumière et tu distinctes alors deux autres personnes près de toi. Elles s’occupent de toi dans les premier moments de ton aventure et t’aident à faire tes premiers coups de palme dans l’océan. Elles te donnent de bons conseils sur la manière d’utiliser ta combinaison au mieux. C’est ainsi qu’une confiance s’installe entre toi et elles.

Ensuite, après une longue période de stabilisation, qui te permet de maîtriser un peu ta combinaison et ton environnement immédiat, tu commences à explorer les alentours et remarques qu’il y a beaucoup d’autres plongeurs dans cet océan (dont certains vont s’accaparer ton temps et ton énergie en échange d’un confort illusoire), qu’il y a des courants qui t’emmènent à la dérive (loin de là où tu voulais aller), des algues qui accrochent tes jambes, te retiennent sur place et t’empêchent d’avancer, des requins qui t’attaquent et contre lesquels tu vas devoir apprendre à te défendre, des recoins sombres dans lesquels tu ne veux pas t’aventurer (mais par lesquels tu vas devoir passer si tu veux progresser). Enfin, plein de choses que tu vas devoir apprendre, explorer, vivre, qui vont t’occuper, te distraire et qui vont te faire perdre ton trésor de vue. Cela va te faire oublier la raison de ta présence dans cet océan. À tel point que quand on te demande ce que tu comptes faire ici, tu réponds que tu n’en sais trop rien. Et là, ils vont t’indiquer alors le chemin que tu devrais suivre pour atteindre le trésor qu’il leur semble être le tien. Tu vas alors te conformer (comme tous les autres) à leurs recommandations. Et cela pendant une longue période.

Avec le temps qui passe, tu te sens t’épuiser petit à petit, tout cela te demande beaucoup d’énergie et tu commences à ne plus te sentir bien, à ta place là où tu es. Tu te dis que le chemin que tu as entrepris jusqu’ici, ballottée par la vie, n’était peut-être pas le bon. Tu commences à te poser des questions. De plus, tu traînes des blessures occasionnées lors des premiers moments de ton existence dans l’océan, qui te tétanise et te bouffent toute l’énergie qui te reste, ce qui va te scléroser, te calcifier. Vient alors une période de questionnement, de remise en cause de tes croyances, des conseils que l’on t’a donnés. Tu t’arrêtes net (peut-être contrainte et forcée par une maladie grave). À ce moment, tu commences à te dépouiller d’un tas de trucs que tu avais embarqués avec toi jusqu’alors et qui ne te sont plus utiles maintenant. Ce qui va t’alléger un peu et te permettre de progresser plus facilement. Puis, tu vas commencer à entendre une petite voix (via une sorte de « parlophone » dans ta combinaison), que tu comprends provenir des membres de ton équipage qui surveillaient ta progression depuis le bateau et cela depuis le début. Tu avais complètement oublié qu’ils existaient et qu’ils étaient là pour t’aider à progresser vers ton trésor et que tu n’avais qu’à leur demander de t’aider pour qu’ils interviennent. Cette petite voix, on l’appelle l’intuition. Grâce à elle et à eux, tu vas pouvoir retrouver le chemin de ton trésor. Tu sors alors des chemins confortables et balisés pour toi par les autres pour te lancer dans l’inconnu. C’est extrêmement désagréable mais nettement plus enrichissant. Tu y découvres des paysages magnifiques et inconnus et des ressources en toi inimaginables pour y progresser. Si tu as de la chance, tu vas également te rendre compte que cette combinaison est en fait un scaphandre. Qu’il y a une connexion subtile entre toi et ton équipe dans le bateau et que depuis là, ils t’envoient plein d’air, d’énergie et d’informations. Ce qui va te permettre de percevoir ton environnement d’une toute autre façon, comme si un sixième sens t’était soudainement apparu. Sens qui a son siège dans ton cœur et qui te permet de ressentir ta connexion à toutes choses et à les percevoir comme sacrées. Une nouvelle vie commence alors pour toi. Pas plus facile, certainement pas plus agréable, mais sûrement plus belle. Je te souhaite de tout cœur que tu puisses trouver cette petite voix et cette connexion le plus tôt possible dans ta vie avec nous. Grâce à cela, tu pourras alors affronter les éléments (qui n’ont pas de raisons de s’arrêter par ce que tu es « connectée ») plus sereinement. Tu pourras progresser plus rapidement et avec plus de confiance (mais pas avec plus de facilité pour autant, que du contraire) sur ton chemin de vie.

Au moment où tu bifurqueras sur ton chemin et quitteras les sentiers battus, certaines personnes (beaucoup ?) te diront que tu as beaucoup de courage de t’aventurer dans ce coin-là de l’océan et d’autres même penseront que tu es folle. Commencera alors une traversée d’un désert magnifique que j’espère pas trop long, ni trop ardu pour toi. Puis, après un certain temps, à ton grand étonnement, petit à petit, des personnes te contacteront et te demanderont comment tu as fait pour arriver là où tu es. Tu commenceras alors à leur expliquer comment faire et elles te remercieront de les avoir aidées à progresser sur leurs propres chemins en leur montrant le tien. Et là tu te diras que tout ce déploiement de temps, d’énergie et de moyens que tu as investis jusque là ont une utilité et te rendre compte qu’aider les autres sur leur chemin, te procure un grand bonheur et un sens à ta vie.

Puis un jour viendra le constat que tu as fait le tour de cette partie de l’océan et qu’il n’y a plus rien d’intéressant à y voir. Là, tu ramasseras le coffre aux trésors qui s’y trouvera (j’espère que ce sera celui que tu avais vu quand tu étais sur ton bateau) et tu demanderas à ton équipe de te ramener, avec ton trésor, sur le bateau. Ce sera alors pour toi le plus beau jour de ta vie, car tu pourras alors ouvrir ce coffre et voir ce qu’il recèle. Que contient-il ? Une seule et magnifique chose : toute l’expérience que tu auras engrangée dans ta progression dans l’océan pour le rejoindre. Cette expérience est un magnifique cadeau que tu vas pouvoir offrir à l’Univers.

Mourir, c'est rentrer à la maison après un très long voyage.