Instant de bonheur

Elle et lui, dansant

Été 1950, elle portait sa première petite robe neuve. Elle avait 18 ans. Avant, elle recevait ses robes de sa tante, les robes que sa tante ne voulait plus mettre. Sa tante avait épousé une homme qui avait fait des affaires dans le négoce du tabac. Elle recevait alors des robes usées que sa maman raccommodait et adaptait pour qu’elle puisse les mettre. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent à l’époque. Mais là, c’était une petite robe faite rien que pour elle. C’est sa meilleure amie qui l’a cousue. Son amie était à l’école professionnelle et un des travaux que son amie devait réaliser, c’était une petite robe. Alors son amie lui a demandé si elle voulait bien l’aider en étant son mannequin. Elle lui a dit oui, alors son amie a pu confectionner sa petite robe directement sur elle. Une petite robe sur mesure. Quand son amie avait terminé ce travail, cette petite robe, il fallait encore la présenter au jury de son école. Et comme cette petite robe n’allait qu’à elle, son amie lui a demandé de porter cette petite robe devant le jury, ce qu’elle fit. Pour son amie, elle a donc défilé devant le jury. C’était un moment intense pour son amie, réussir cet examen de couture. Mais après, que faire de cette petite robe ? Elle demanda à sa maman pour qu’elle la rachète à son amie. Dans un premier temps, elle essuya un refus. Mais cela n’a pas duré. Elle insista tellement que finalement, elle pu la garder, cette petite robe.

C’était un été d’après-guerre. Du haut de ses 18 ans, elle était monitrice dans une colonie de vacances, à St Idesbald, à la mer du nord. C’était la dernière soirée avant le retour à la maison. Elle faisait alors la fête avec lui lors de la dernière soirée dansante.

Lui était étudiant à L’université où elle habitait. Il avait 24 ans. Il faisait des études d’ingénieur. Il devait choisir une spécialité l’année académique suivante. Il a dit à ses parents qu’il allait faire un stage afin de se rendre compte de ce qu'était le métier d’ingénieur en construction navale et qu'il devait aller à la mer du nord pour cela. Mais c’était du pipeau. S’il devait raconter qu’il avait rencontré la plus ravisante des jeunes filles et qu’il allait là-bas pour flirter avec elle, pour sûr il aurait été sévèrement punis. On ne rigolait pas sur ce sujet à cette époque… Surtout pas dans cette famille. Alors il dut mentir et leurs raconter des bobards. Ce qu’il dut faire également, c’était de prendre son vélo et de se rendre de son Condroz natal jusqu’à la mer du nord car il n’avait pas d’argent pour prendre le train. 250 km aller, 15h de route. Tout ça pour ses beaux yeux à elle.

Trop jeunes pour avoir fait la guerre mais assez grands pour l’avoir subie, c’était l’époque où on se contentait de peu mais chaque événement était vécu avec légèreté et insouciance, le meilleur devant sûrement être à venir.

Je ne sais pas vous dire ce qu’est que le bonheur, mais si je devais le décrire en une image, cette photo me semble être la plus appropriée.

Histoire vrai.